Mamoudou Ibra Kane : “Si Air Sénégal est venue pour durer, elle sait ce qu’elle a à faire”

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« J’ai fait un rêve. » Le 28 août 1963, à l’issue d’une marche contre les discriminations raciales en Amérique, Martin Luther King prononçait un discours entré dans l’Histoire par la grande porte. 1963-2021, 58 ans après le célèbre « I have a dream » du célèbre pasteur noir, c’est un autre afro-américain et non moins ambassadeur des Etats-Unis au Sénégal, Tulinabo Mushingi qui fait, à son tour, un rêve.

Son rêve à lui, dit sur un ton caustique – le bonhomme ne manque pas d’humour – trouver des architectes capables de construire un pont entre la statue de la Renaissance qui surplombe Dakar et la statue de la Liberté qui trône sur New York. Ce dream a priori utopique, c’est Air Sénégal qui le réalise, s’empresse de se rassurer le diplomate américain. Un « pont aérien » entre le Sénégal et les Etats-Unis. Voilà comment l’ambassadeur Mushingi qualifie Air Sénégal. C’est en cela que le vol inaugural Dakar-New York-Washington/Baltimore, dans la nuit du 1er au 2 septembre 2021, a valeur de symbole.

Et symbole pour symbole, c’est la première fois qu’une compagnie sénégalaise assure une desserte transatlantique vers les Etats-Unis d’Amérique. Mieux, si on considère les Etats membres fondateurs de la défunte Air Afrique, à savoir le Cameroun, le Congo-Brazzaville, la République Centrafricaine, le Gabon, le Tchad, le Bénin, le Burkina Faso, le Niger, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie et le Sénégal, c’est également une autre grande première qu’Air Sénégal réalise en Afrique de l’Ouest. En embarquant pour le vol inaugural de l’autre soir, les nostalgiques ont dû avoir des frissons en souvenir des belles années de la compagnie panafricaine disparue définitivement des cieux, le 25 avril 2002.

Il était une fois Air Afrique, a-t-on l’habitude d’écrire pour raconter l’histoire tumultueuse de 41 années d’une compagnie qui symbolisait l’unité africaine tant recherchée. Pour Air Sénégal, l’histoire est en train de s’écrire en direct, comme la ligne directe Dakar-New York qui vient d’être inaugurée. Mais conquérir l’Amérique, à l’image de sa découverte par Christophe Colomb, de ce qu’on a appris de l’Histoire, n’est pas chose aisée. Pas du tout une mince affaire. Il faudra savoir se mouvoir entre les zones de turbulences, contre vents et tempêtes en se méfiant des trous d’air. Cela passe par le b.a.-ba de l’aviation civile : tarifs compétitifs, ponctualité, rigueur et professionnalisme. Toutes choses dont semble conscient le pilote en chef d’Air Sénégal, qui n’est autre que son Directeur général Ibrahima Kane. Test plus ou moins réussi au bilan global du vol inaugural.

S’il est vrai que le 1er septembre n’est pas le 1er avril pour qu’on puisse parler de poisson d’avril, il y a tout de même des enseignements à tirer. A titre d’exemple, le vol à l’aller a enregistré pas moins d’une heure et trente minutes de retard, alors qu’au retour, c’est-à-dire sens New York-Dakar, l’appareil A330-900 Néo a décollé à l’heure pile poil. Ce que « Casamance », nom de baptême de l’Airbus flambant neuf, a pu faire au départ de New York, il aurait pu le réaliser en quittant Dakar. Quand on est capable d’être en retard, on doit être capable d’être à l’heure.

Test réussi, reste à transformer l’essai. Une compagnie d’aviation qui dure est une compagnie qui endure. Construire dans la durée d’autant plus qu’un hub aérien ne se décrète pas. Autrement, ce serait encore tirer des plans sur la comète. Des fiascos dans ce domaine, on en a connu. Et plus d’une fois. Si Air Sénégal est venue pour durer, elle sait ce qu’elle a à faire : éviter les erreurs de ses prédécesseurs, les défuntes Air Sénégal International et Sénégal Airlines. Départ gaindé, arrivée mouss ? Non, ne condamnons pas déjà et si vite Air Sénégal à l’échec. Que le rêve soit américain ou sénégalais, il faut plutôt être optimiste.

Source : Senego

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